
Introduction
Par un matin de printemps, au détour d’un rocher, sur lequel je venais me reposer : j’aperçu un Prince.
Je ne pouvais l’approcher ; seulement l’observer, de loin, telle une admiratrice.
C’était, ce qui semblait être un ourson.
Il était beau.
Il n’était ni grand, ni petit, juste parfait pour son âge.
Chapitre 1 : le papillon
Les après-midis d’été, l’ourson jouait à suivre un papillon.
Sans se préoccuper d’où il allait : il le suivait, tout simplement.
Ainsi, l’ourson n’avait d’yeux que pour lui ; tant, qu’il tombait et roulait avec allégresse.
J’en riais et partageais sa joie.
Sa truffe montait, descendait, virevoltait.
On eût dit, qu’un cheveu d’ange liait l’ourson au papillon.
On eût dit, qu’ils dansaient ensemble.
On eût dit, que le papillon l’emportait du battement de ses ailes.
On eût dit, qu’au bout d’un moment, le papillon faisait un signe à l’ourson ; signe, que j’interprétais comme un « au revoir ».
On eût dit, que l’ourson le saluait.
On eût dit, qu’ils étaient amis.
Chapitre 2 : la rencontre
Cet après-midi-là, aucun papillon n’était venu.
L’ourson s’ennuyait et furetait de droite, de gauche : cherchant un ami avec qui jouer.
Peut-être ici ?ou là ? ou derrière ce rocher ? dans cette coquille ?
Sa truffe humait l’air pour y trouver la flagrance de l’amitié, mais rien en venait.
Il s’assit et contempla l’horizon.
Dans la crique voisine, un clapotis différa du rythme lancinant donné par les vagues : quelque chose venait de perturber l’orchestre marin.
L’ourson s’approcha, et découvrit ce qu’il prit au premier abord : pour une sirène !
Mais il comprit vite : que celle-ci se trouvait en bien mauvaise posture.
Elle semblait épuisée et avoir du mal à respirer.
Sa peau d’un rose incarnadin, témoignait d’une détresse quelconque.
L’ourson s’approcha.
_ Bonjour, petite sirène ! Tu sembles mal en point. Puis-je t’aider ?
Chapitre 3 : une nouvelle amie
_ Bonjour, monsieur l’ourson. Ne me mangez pas, s’il vous plaît…
L’ourson rit, et rit encore, tant qu’il bascula sur le dos, les deux mains sur le ventre, et ne put s’arrêter qu’au bout de quelques minutes.
Une larme à l’œil, il reprit :
_ Je m’excuse de t’avoir fait peur ; et je m’excuse de rire autant.
C’est plus fort que moi, tout le monde me prend pour un dangereux mangeur de tout !
Mes parents sont omnivores, mais pour ma part : je suis frugivore, voire « mielivore » si le terme existait ! Ahah.
Bon ! dis-moi ! que t’arrive-t-il petite sirène ?
_ Un humain mal intentionné, m’a jetée à la mer.
_ Était-il mal intentionné ; ou a-t-il simplement voulu te libérer ?
Les sirènes ne vivent-elles pas dans la mer ?
Ou peut-être, préfères-tu l’eau des grands larges ?
_ Tout d’abord, je ne suis pas une sirène : je suis une naïades !
_ Et…vous êtes… différentes ?!?
_ Disons que l’une apprécie l’eau douce, et ma cousine l’eau salée !
_ Nom d’un papillon !!
Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt !?
Viens vite ! que je te sorte de là !
Ainsi, l’ourson emporta entre ses pattes la jeune naïade, jusqu’au premier point d’eau qu’il connaissait.
Une fois lavée du sel et apaisée par l’eau douce, la naïade passa de l’incarnadin au rouge vif ;
quelques petits points dorés faisant rayonner son visage.
Elle lui raconta l’histoire du marin, qui la prit pour une sirène, flairant l’aubaine et la bonne fortune, il l’emporta au loin un soir de pleine lune.
Puis, le matelots découvrant son infortune : la jeta dans la mer, sans émotion aucune ; et s’en retourna à son port.
Enfin, elle lui égrena les heures passées dans l’eau agressive, entre le froid et le sel, elle se pensait perdues ; lorsqu’elle aperçut l’ourson à quelques vagues de là.
A la fin de son récit, elle s’endormit entre deux laitues d’eau.
L’ourson comprenant la mesure, du danger encouru par sa nouvelle amie : la quitta doucement pour se diriger vers le port, un grognement dans la bouche.
Chapitre 4 : le marin
Il eût tôt fait de retrouver le malin marin :
un ivrogne notoire, qui se plaignait que le ciel, ait mis un prétendu trésor, sur son passage.
A travers les bas vitraux ambrés de la taverne, il voyait clairement les gestes du marin, racontant son histoire et sa malchance.
Mais avant que l’ourson n’eût le temps de prendre l’initiative d’entrer dans la taverne :
l’œil aguerri du marin l’avait entraperçu et d’un seul geste, ce dernier avait bondi, hors de son lieu de beuverie.
_ aaaaaahaaa !
Voilà ma seconde chance !
A défaut de l’immortalité d’une sirène : je vais acquérir la force de l’ours !!
Sans prévenir, trois compères lancèrent un filet de pêche sur l’ourson, qui se retrouva impuissant. Il fut trainé, plus que porté, à bord d’un piteux navire de pêche.
Jeté dans une cale, malodorante, froide et humide, où il put constater, toute la méchanceté de cet homme.
La mer semblait s’agiter à l’extérieur, quand le marin ouvrit la trappe, pour jeter quelques miséreux restes de poissons à l’ourson.
Celui-ci eût une idée.
_ Malheureux marin, je vois bien que tu te venges de moi, pour ton infortune ; or,
je sais, où trouver, non pas une seule , mais des sirènes !
Le marin alléché suivi les conseils du mignon, et vogua en direction du Sud-Sud-Est ; par-delà, les îles bordant la baie.
Lorsque le navire arriva en vue du rocher de la vierge : des chants éparses se firent entendre.
Lesquels devinrent de plus en plus distincts et envoutant, au fur et à mesure que le navire perdu progressait.
Le marin hypnotique, jura que les sons provenaient des récifs au pieds de la vierge :
il y envoyât donc son équipage, s’abîmer sur la falaise.
Adieux marins hideux, navire miteux, et cargaison douteuse ;
tous dans ces eaux poissonneuses divertiront Morphée.
Mais de fait, notre mièvre ami se trouvait lui aussi, enveloppé d’eau et de sel.
Cependant, les douces sirènes, ayant compris son subterfuge, pour le remercier : le transportèrent jusqu’à la crique.
Là-même, où il avait auparavant, découvert sa nouvelle amie.
Exténué et grelottant, il se laissa choir sur le sable et s’endormit.
Le bruissement d’une discussion le réveilla à demi.
Il crût voir non pas une, mais deux naïades, venues le sauver.
La fièvre le prenait, assurément !
Chapitre 5 : la découverte
Posant une fleur de plumeria sur son front, la plus jeune des deux naïades lui dit :
« A compter de ce jour, tu seras Prince des Ours ! ».
L’ourson tremblant de froid, fut immédiatement enveloppé d’une senteur douce et chaleureuse ; un cortège d’amandes et de vanille, qui le transportèrent vers un rêve lointain.
Il se réveilla sur une île, qu’il ne connaissait pas.
Tout lui était étrange, tant dans les couleurs, que les odeurs.
La curiosité picotait le bout de sa truffe ; alors, il se sentit l’âme d’un aventurier.
Mais tout d’abord, il voulait comprendre une chose :
pourquoi donc, voyait-il toujours deux naïades, bien qu’il ne ressentait plus, la torpeur de la fièvre ?
C’est ainsi, que la plus âgée s’adressa à lui.
_ Comment vas-tu ? as-tu mal quelque part ? as-tu encore froid ?
L’ourson reconnu son amie.
La seconde naïade, plus jeune encore, se distinguait par sa peau verte amande, perlée des mêmes petits points dorés que sa soeur.
Elle aussi semblait rayonner.
_ Je me sens faible et malade ; mais je suis sauvé, grâce à vous, n’est-ce pas ?
_ et à nos cousines.
Hihihihi.
C’était la moindre des choses, après que tu aies secouru ma grande sœur.
D’ailleurs que t’est-il arrivé ?
L’ourson raconta sa colère, une fois qu’il eut écouté les confessions de son amie ; sa recherche du marin ; sa rencontre avec lui et ses hommes ; son enlèvement ; les horreurs de la cale ; le mensonge qu’il avait dû inventer ;
puis, le choc, lors de l’écrasement du navire, au pied du rocher.
Les naïades écoutèrent à leur tour, captivées, par l’aventure de l’ourson.
La plus jeune s’avança.
_ Tu es maintenant chez nous, nous allons te faire visiter nos îles.
Hihihihi.
Elles lui prirent la main et lui présentèrent la Grande Terre : son épine dorsale montagneuse, qui la faisait ressembler à un animal mythique ; ses grandes plaines de l’Ouest ; sa végétation luxuriante à l’Est, et sa terre rouge plus au Sud.
Elles lui présentèrent de grands cœurs offerts au ciel, et aux animaux qui le parcourent.
Un lagon, dont l’eau était vertigineuse de beauté.
L’ourson se dit, que celle-ci rivalisaient sans peine avec sa propre mer, pourtant déjà si belle !
Il n’en croyait pas ses yeux !
Puis, ce fût le défilé d’îles et îlots, dont Ouvéa, Lifou, et l’île des pins :
la préférée de la plus jeune naïade.
Chapitre 6 : légendes autour de la fleur de frangipanier
_ Mais combien y en a-t-il ?
Cela n’en finit pas !
_ Une centaine !
_ En fait… environ, cent quarante, pour être exact !
La plus âgée voulut prouver son ancienneté, à travers la précision de ses connaissances :
ce qui laissa la plus jeune, un peu boudeuse.
Mais celle-ci, se ressaisit rapidement, en attisant leur curiosité, avec une légende que peu connaissaient ;
or, apparemment, pas sa sœur !
! na !
_ Ainsi, vous ne connaissez pas la fleur des dieux ?!
Elle symbolise l’amour et la loyauté.
Elle est portée par une déesse, qui la sème au grès de ses envies.
On dit que cette déesse, offrit une fleur à deux femmes d’une même famille :
elle déposa l’une, sur l’oreille droite de la jeune fille ;
et l’autre, sur l’oreille gauche de la mère.
Puis, elle s’adressa à la foule, et leur conseilla : d’utiliser la fleur de frangipanier, pour les offrandes aux dieux.
Mais aussi, pour recevoir tous les étrangers, afin qu’ils puissent devenir leurs amis.
On dit aussi, que l’arbre en son tronc, ouvre la voie sur d’autres mondes ; certains y voient une porte, entre le monde des vivants, et le monde des morts !
D’autres, s’en serviraient pour partir en vacances !
Hihihihihi
_ Et nous !
Nous l’utilisons, pour accueillir, et guérir les êtres malades.
C’est ainsi, que nous avons pu t’emmener ici, avec nous ;
et te faire découvrir notre monde.
En nous ouvrant à toi, en partageant avec toi, nos îles et notre bonheur : nous t’avons guéri !
_ Comment te sens-tu maintenant ?
_ C’est vrai, que je me sens mieux maintenant :
j’ai l’impression de m’être ressourcé. Je suis remis sur pattes !
hahahaa.
_ hihihihi.
C’est un peu de cela : ma sœur et moi, t’avons partagé, ce que nous avions de plus précieux.
Maintenant, tu vas pouvoir rentrer chez toi, et partager avec d’autres, quelques fleurs de frangipanier.
La plus jeune des naïades, sortit un petit sac, contenant les précieuses graines, qu’elle remit cérémonieusement à l’ourson.
Tous trois, rirent de bon cœur, pendant que l’aînée, entamait la danse du retour…
Chapitre 7 : le retour
L’ourson se retourna, vers les jeunes naïades et leur dit :
« A compter de ce jour, toi ! la plus jeune naïade : tu seras la princesse des Fleurs. Et toi, sa sœur aînée ! : tu seras la princesse des Îles ».
Alors, qu’il disparaissait dans un cortège d’amandes et de vanille, les deux naïades murmurèrent en cœur :
_ Nous t’offrons ces gants : leur odeur, te remémorera notre aventure :
ainsi que la valeur, de t’ouvrir aux autres, de partager avec eux, ton royaume, et ton bonheur.
Prends-en soin !!
_ Je n’y manquerais pas : car, je veux me souvenir de vous ; et vous aider à nouveau, si je le peux ! soupira-t-il.
Chapitre 8 : chapitre final
Depuis lors, on voit souvent un ourson, orné de magnifiques gants, dont l’odeur, enchante tous ceux qui les croisent.
Chaque fin d’après-midi, le prince monte sur la colline du vieux Cannet : pour regarder les deux îles face à lui. Parfois son regard, suit les dauphins qui dansent dans la baie ;
parfois, quelques oiseaux, s’envolant vers le large.
Il attend.
Il attend patiemment, le soleil venant se coucher.
Il le regarde, lentement traverser l’espace, entre le ciel et la terre ;
puis, lorsque que celui-ci, s’apprête à disparaître, au point ultime, où le bleu de la mer, se confond avec le feu du soleil : il sait et il voit !
Il sait que là, en ce point précis sur l’horizon, se trouve la Grande Terre de ses deux princesses.
Et, dans un mouvement de tête, il semble dire :
« Au revoir mes princesses.
A demain ! ».
Depuis ce matin de printemps, où, au détour d’un rocher, sur lequel je venais me reposer : j’aperçu un Prince.
Je ne me lasse pas de ne pouvoir l’approcher, seulement l’observer, de loin, telle une admiratrice.
C’était, ce qui semblait être un ourson.
Il était beau.
Il n’était ni grand, ni petit, juste parfait pour son âge…et il sentait si bon !
Fin
Conte pour enfants « A compter de ce jour : tu seras prince des ours », par S2B.


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